L'année 2005 vient de passer à grande vitesse pour moi et XWiki. Le bilan de l'année c'est:
Un incroyable année pour les wikis et les blogs
Le domaine dans lequel XWiki évolue à vécu une année phénoménale. J'ai démarré XWiki fin 2003 quand on parlait tout juste de Wikis et de Blogs. Si on prend par exemple la courbe d'audience de Wikipedia cela ressemble à la courbe de Google à une époque.
Aujourd'hui ce n'est plus du buzz. Ces technologies sont en train de passer dans les moeurs et vont devenir incontournables. En 2006 nous allons entrer dans la phase de mise en place des ces solutions en entreprise. Il faudra bien entendu faire cela intelligement.
XWiki a non seulement des utilisateurs mais des clients
L'année 2005 a été l'année ou XWiki est rentré dans beaucoup d'entreprises et non des moindres. IBM, Oracle, Siebel, la Deutsche Bank sont entre autres utilisateurs d'XWiki. Et 2005 a vu aussi la signature de plus de 10 clients commerciaux de nos offres pro, permettant à ma société de gagner plus d'argent qu'elle n'a dépensé (sachant que je suis pas payé, ça aide).
XPertNet est un employeur
Je n'ai pas été payé certes (merci les Assedics, et la règle permettant aux créateurs d'entreprise de garder les allocations tout en créant une entreprise) mais XPertNet est devenu un employeur en 2005. En écrivant ces lignes, je réalise en même temps que c'est quelque chose dont je suis particulièrement fier, d'autant plus que l'argent vient ni d'investisseurs, ni de la bourse, ni de Californie, mais bien de clients. Aller encaisser les premiers chèques ou recevoir les premiers virements importants des clients, est quelque chose de particulièrement agréable pour un jeune créateur d'entreprise comme je le suis.
L'Open Source est aussi un business
Je réalise aussi que les contrats d'XWiki sont des services associés à un logiciel que n'importe qui peut télécharger et utiliser gratuitement, que nous offrons un hébérgement de Wikis gratuit sur Internet (1 Million de pages vues par mois aujourd'hui). Cette grande liberté d'utilisation et l'ouverture de notre code n'empêche pas de faire du business, bien au contraire.
Un des grands mythes que nous combattons quand nous rencontrons des investisseurs ou organismes, est l'idée que l'Open Source est gratuit, que l'on ne peut pas vendre quelque chose de gratuit et que comme le code est ouvert il est facile de nous copier.
Mais la on est dans le mythe total. L'Open Source n'a rien à voir avec la gratuité. Si l'on peut prendre et utiliser le logiciel gratuitement, cela est dissocié de l'ouverture du code. L'utilisation gratuite d'XWiki ne doit pas être comparée à l'utilisation payante d'un logiciel propriétaire. Un projet logiciel coûte de toute façon bien plus cher que la licence logicielle. L'interêt de l'Open Source n'est pas dans la gratuité, mais dans l'équation globale. L'ouverture de notre code, de nos processus de developpement, le partenariat établi avec les early adopters qui maîtrisent notre logiciel et contribuent des améliorations, la publicité qu'ils nous font sont une petite partie des bénéfices de l'Open Source qui conduisent à une réduction globale du coût du developpement et de la commercialisation du logiciel. Cette reduction est repercuté auprès des clients qui obtiennent un rapport service/prix bien meilleur.
Du côté de la possibilité de "copie", c'est aussi simpliste de penser que parce que le code est disponible on va nous prendre notre code et nous concurrencer. Tout d'abord c'est mal évaluer qu'elle est la valeur réelle des différents éléments d'un business logiciel. En fait bien plus que le code, c'est la connaissance du code qui à de la valeur. Le fameux "know how". Ensuite reprendre notre code et nous concurrencer cela revient à l'équivalent d'une OPA Hostile dans le monde de la bourse. Dans le monde Internet cela revient à s'alliener la communauté des early-adopters. De plus, quel éditeur va batir son offre sur une solution non parfaitement maîtrisée. L'autre élément de valeur c'est le contrôle de la communauté et la crédibilité. Finalement, un bon moyen de matérialiser ces explications et de voir que l'experience valide la théorie avec les cas de RedHat, Mandriva, JBoss et même GlueCode. Ce dernier racheté par IBM aurait pu être copié par une société ayant largement les moyens, mais clairement la valeur était dans l'équipe, non dans le logiciel.
Créer une boîte c'est être au four et au moulin
La partie négative du bilan, c'est le manque de vacances. Créer une boîte, dans un domaine innovant, avec un business model innovant, c'est beaucoup beaucoup d'efforts. Il faut tout faire et être au top partout. Technique, marketing, vente, expliquer le projet, expliquer les Wikis, expliquer l'Open Source, l'administratif. Quand on pense avoir fini quelque chose, il faut refaire une passe pour faire mieux.
La concurrence n'attend pas, surtout si elle a plus de moyens (ce qui est assez classique avec des concurrents américains, un système de seed-money et de VC rodé, et des stars de l'Internet à qui ont fait - presque - des chèques en blanc). Les utilisateurs veulent bien être gentils mais faut que ça marche avec le minimum de bugs et puis ça serait bien que le plan de developpement soit ambitieux et le prix le plus petit possible. Ceci dit je les comprends, je faisais pareil. Les clients veulent que le logiciel soit ouvert, mais ils achètent quand même le logiciel fermé par cher pour une licence ou 10 utilisateurs, qui leur coûtera très très cher une fois déployé plus largement dans l'entreprise. Ceux qui apprécient ou deploient de l'Open Source ne le font pas toujours pour de bonne raisons (le mythe de gratuité) ou de la bonne façon. Par exemple l'Open Source est beaucoup utilisé par les boîtes de services, qui ne remontent pas forcement une partie des contrats auprès des développeurs originels des logiciels. Le modèle du partage de la chaîne de valeur Open Source à encore besoin d'ajustements, qui viendrons des clients, qui demanderons de plus en plus l'intervention de la société Open Source gérant le projet. Mais ce processus est long et demande de l'éducation.
Ensuite il faut vendre, ce qui prend du temps, les cycles de décisions étant longs. Mais pour vendre faut un bon marketing en support. Il faut expliquer la valeur du produit dans le cas précis du client, il faut des argumentaires.
Une fois qu'on a vendu, il faut réaliser et comme ce sont des clients références nous voulons des clients satisfaits.
Pour l'offre marketing, comme nous n'avons pas toutes les compétences ils nous à fallu des conseils. Grâce à Advancia et l'incubateur de Telecoms nous avons eu de l'accompagnement, mais cela prend du temps ou il faut encore et encore expliquer ce qu'on fait (ce qui nous entraîne à être meilleur au passage).
On a aussi vu des investisseurs, pour lesquels il faut préparer des dossiers qui peuvent hypothétiquement les intéresser. En pratique ils veulent plutôt qu'on fasse déjà beaucoup de revenu, et donc dans notre cas, il y a des chances qu'on ait à ce moment la beaucoup moins besoin d'eux, vu que si on fait un bon chiffre d'affaires c'est qu'on a bien prouvé notre modèle de business autour de l'Open Source et des services additionnels puisque le logiciel serait leader, les offres verticales rodés et les contrats de supports vendus en masse. Dans le monde Open Source l'utilisation en masse du logiciel par la communauté est déjà une preuve intéressante de ce que pourrait être un business basé sur ce logiciel.
Ensuite il y a les aides, qu'il faut étudier, voir ce que cela nous demande et les contraintes. Quel dossier faut remplir, quels sont les critères d'élligibilité. Il y a aussi les projets européens ou de recherche (on a fait un dossier) dont on ne connait pas trop les critères de choix et le niveau de lobbying nécéssaire. Au global, les aides m'ont semblé pas si facile que cela pour les petites entreprises, du fait qu'on arrive pas toujours à évaluer l'espoir de gain et les critères d'acceptation.
Ensuite il faut recruter. Mais qui ? Faut étudier les resources qu'on a et dont on a besoin. Est-ce le bon candidat. Dois-je prendre ce profil la. Offshore or not offshore pour le developpement ? Equipe internationale de suite ou plus tard ? Ceci s'avère clé surtout dans une entreprise ou 95% des coûts sont humains.
Et finalement l'administratif, particulièrement agréable en France. L'URSSAFF qui envoie des amendes de 160 Euros pour une erreur de 40 Euros, en menaçant d'abord, verifiant ensuite. Un dossier à donner a une administration demandant un extrait de casier judiciaire (parce qu'une administration ne peut pas y accéder direcment ?). Des tonnes de formalités auquelles je ne comprends rien. Vraiment un pourcentage de taxe unique tout compris pour les TPE ça serait pas mal.
Bref faut être partout, au risque de faire tout partiellement au lieu de faire quelques choses bien.
Perspectives 2006
En tout cas, malgré les peu de minutes de repos, travailler sur son propre business, sa propre idée, dans une domaine technologique porteur, c'est irremplaçable. Les fondations sont posés pour préparer notre décollage. Une fois atteint le niveau de qualité nécéssaire, la communauté deviendra incoutournable, ce qui nous donnera l'occasion de se faire connaitre largement et donc de vendre.
En particulier en 2006 on va accélerer les partenariats permettant d'intégrer la techno XWiki dans des produits plus compexes. Cela va nous permettre d'accélerer le developpement et de continuer à positionner XWiki comme une plate-forme moderne et évolutive permettant de construire la bonne application, au bon moment, avec le bon degré d'interaction utilisateur.
En 2006, nous allons proposer aux entreprises des solutions de Wiki/Blog verticalisés répondant aux besoins metiers des entreprises.
Et surtout en ce début d'année nous allons lancer notre nouveau site corporate, dont vous pouvez